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École - Jacques Philippe Guillard

Ecole Jacques Philippe Guillard

publié le 05/12/2022

Ecole Jacques Philippe Guillard

Je soussigné, Jacques Philippe GUILLARD âgé de 78 Ans, veuf sans enfants, demeurant à Catenay, donne en lègue à titre de propriété, à la Commune de Catenay, Canton de Buchy arrondissement de Rouen, où mon père est né, la généralité des biens immeubles qui composeront ma succession le jour de mon décès, situés à Catenay pour en jouir après moi, à la condition que le revenu qui est environ huit cents francs sera et demeurera affecté comme suit :

Pour le traitement de l'instituteur primaire de Catenay, laïque, élève de l'Ecole Normale, nommé par le Préfet exclusivement, huit cents francs. Ma volonté est que l'instruction primaire soit donnée gratuitement par l'école de Catenay à tous les enfants de la commune quelle que soit la position de fortune de leurs parents, et de plus, que les livres de classe, papier, plumes, encre soient fournis gratuitement aux élèves.

Je donne et lègue à la dite Commune de Catenay et à titre de propriété, une rente sur l'Etat de deux mille sept cent quatre vingt francs 4 1/2 % titre n° 25.083, série llème pour en jouir à partir de mon décès et en faire l'emploi ainsi qu'il suit :

> Convertir légalement une partie ,de cette rente en un capital de six mille francs destiné à payer six mille francs qui seront dus le jour de mon décès aux héritiers de feue Madame Charles Pierre Achille GUILLARD née L'ESPERT.

> Convertir de plus une seconde partie de cette rente en un capital de douze mille francs qui seront employés intégralement à la construction d'une maison d' Ecole, conformément aux plans, devis arrêtés par le Préfet. Cette construction sera faite sans retard sur l'emplacement de ma maison ; les murailles extérieures et les cloisons seront tout en briques, à l'exclusion du bois et du silex.

Ce qui restera de la rente sera d'environ 1890 francs de rentes qui seront spécialement affectés aux dépenses communales ci-après :

Payer trois cents francs à une femme de 45 à 50 ans, de bonnes moeurs, d'un caractère doux et sachant lire, à qui seront confiés les enfants de la commune âgés de deux à six ans qui seront amenés le matin et repris à la fin de la journée pour leurs mères puissent se livrer aux travaux de la campagne dévolus à leur sexe.

Ces enfants seront reçus et soignés gratuitement. Mais s'il arrivait pour un motif quelconque que les mères ne voulussent pas envoyer leurs enfants en bas âge pour être gardés et soignés, la somme de trois cents francs allouée au budget de la commune serait supprimée et, ces trois cents francs de rente seraient acquis à la commune avec affectation pour les indigents et inscription au budget du Bureau de Bienfaisance.

Pour la réparation annuelle des chemins vicinaux de la commune, cinq cents francs.

Pour secours annuels aux indigents laborieux mariés de bonne conduite et domiciliés à Catenay depuis deux ans, six cent quatre vingt dix francs.

Pour le Garde Champêtre, son salaire, trois cents francs.

Enfin, pour dépenses annuelles d'achat de livres, de papier, plumes, encre ainsi que des

livres donnés pour prix aux élèves, cent francs

Ma volonté inébranlable est que tous les legs qui précèdent, soient portés intégralement en recettes et en dépenses au budget annuel de la commune de Catenay comme suit :

RECETTES
Fermages : 800 F
Rentes sur l'Etat 4 1/2 % : 1 890 F
TOTAL : 2690F

DEPENSES
Traitement de l'instituteur primaire : 800F
Traitement de la gardienne des enfants en bas âge : 300F
Pour réparations annuelles des chemins vicinaux : 500F
Pour secours annuels aux indigents : 690F
Salaire du Garde Champêtre : 300F
Pour Achat de livres, papier, plumes, encre : 100F
TOTAL : 2690F

Le surplus de ma succession appartiendra de droit à mes six neveux et nièces, enfants de mon frère Guillaume GUILLARD nés et domiciliés à l'île Maurice, mes seuls héritiers légitimes que je n'ai jamais vus. Il se compose d'une rente trois pour cent de cinq cent quarante deux francs, titre n°41.338, série 4 ; de mes droits dans la succession immobilière de Charles pierre Achille GUILLARD non encore liquidée, de la vente de mon mobilier et de l'argent que j'aurai laissé après prélèvement des frais de maladie, d'inhumation.

Ma volonté est, que le titre de rente de 542 F le capital réalisé et libre de toutes dettes, soient l'un et l'autre déposés à la caisse des dépôts et consignations pour y rester en dépôt pendant trente ans. Ce titre, avec autorisation de toucher la rente, l'argent pour porter intérêts, le tout au profit de mes neveux et nièces.

Si, après l'expiration de cette période de trente années, et contre toute vraisemblance, aucune demande légale en délivrance n'avait été formée, ce titre de rente de 542 francs, l'argent déposé et les intérêts échus seraient entièrement acquis à la commune de Catenay pour en jouir en toute propriété, à la condition expresse de convertir l'argent en rentes, d'affecter une moitié du revenu à la réparation des chemins vicinaux, et l'autre moitié, à des secours aux indigents et à augmenter le traitement de la gardienne des enfants, de cent francs.

Je nomme le Conseil Municipal de la Commune de Catenay mon exécuteur testamentaire.
A Catenay, le vingt six mai mil huit cent cinquante quatre.
Le présent testament écrit en entier, daté et signé.

Nota: le mot mobilier comprend l'argenterie et les bijoux.

La loi cette protection de l'homme en société par l'homme a sagement interdit d'inhumer dans les églises sans cependant défendre d'y laisser entrer les morts : inclinons-nous. Mais toute en respectant la loi disons que l'Eglise devrait toujours être fermée à un cadavre.

Jacques-Philippe GUILLARD âgé de 78 ans demeurant à Catenay exprime sa volonté inébranlable que son inhumation soit exclusivement civile ; qu'elle soit faite en présence de Mr le Maire de la commune de Catenay, trente six heures révolues après son décès avec décence mais très simplement, très modestement comme toute sa vie.Que son corps n'entre pas à l'église. Qu'il ne soit célébré ni messes basses ni messes chantées, ni prières le jour le l'inhumation ou après soit à Catenay soit ailleurs.

Sa volonté est encore :
1. Qu'on ne sonne point ;
2. Qu'il n'y ait aucune personne invitée à son inhumation ni riches, m pauvres chacun agira selon ses sentiments ;
3. Qu'il soit inhumé dans le cimetière de Catenay en suivant le rang des tombes ou dans un coin sans distinction aucune ;
4 Qu'aucune pierre tumulaire, inscription et qu'aucun signe ne soit placé sur sa tombe ;
5. Que son cercueil soit fait avec les huit planches de chêne qu'il a fait scier pour cet objet et qui sont contre un bâtiment à l'ouest ;
6. L'ensevelissement n'aura lieu qu'après que les trente six heures seront expirées, il sera fait sans couture et la face découverte ;
7. La mise en cercueil n'aura lieu qu'un peu avant l'inhumation, et le cercueil sera fermé avec des vis à bois ;
8 qu'il soit acheté six mètres de crin de laine de couleur bleue de bonne qualité, ils seront coupés en deux bandes de chacun trois mètres de longueur et cousus légèrement pour former un drap mortuaire de trois mètres de longueur et d'une largeur de deux sort celle de l'étoffé ;
9. que ces six mètres de crin de laine coupés en quatre parts égales de 1 m 50 aux quatre Frères de Charité ou à leur défaut à quatre pères de famille indigents qui l'auront porté, immédiatement après l'inhumation ;
10. qu'il soit payé pour la fosse et l'ensevelissement quinze francs;
11. qu'il soit payé aux quatre frères ou autres qui m'auront porté à chacun cinq francs ;
12 qu'il soit payé à la confrérie des frères de charité pour l'usage dix francs ;
13 qu'il soit distribué après l'inhumation aux indigents de la commune quarante pains de quatre kilogrammes et vingt-cinq centimes aux indigents des communes voisines ;

A Catenay le vingt-six mai mil huit cent cinquante quatre. Le présent écrit en entier
daté et signé de la main de Jacques-Philippe GUILLARD âgé de 78 ans.

daté et signé
nommé. J. P GUILLARD

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